Prisca Morjon
Matoutou de crabes à ma façon (Pâques)
Pour ceux d’entre vous qui connaissent un peu la Martinique, vous avez sans doute entendu parler de la tradition du Matoutou de crabes dégusté en famille, pour la fête de Pâques. Eh bien, il existe une autre tradition toute aussi vivace qui consiste à remettre ça pour la Pentecôte. A cela, il existe surement une justification historico-culturelle que j'ignore. Mon avis cependant est qu’on a un jour décidé que c’était tellement bien à Pâques qu’il fallait en profiter encore un peu.
En ce jour férié -comme avant- on se presse sur les plages les plus agréables ou chez les parents. On sort les glacières et on amène le rhum (consommé avec modération) pour partager un grand moment de convivialité comme nous en avons le secret.
J’ai suivi le mouvement et c’est sur la plage de l’Anse Trabaud à Saint-Anne, à l'extrème Sud de l'île que nous avons décidé de poser nos fourchettes, couteaux et chaises pliantes.
Au terme de quelques kilomètres d’un sentier rocailleux, une traversée d’un champ de melons et deux minutes de pause pour admirer le panorama… nous voilà installés à l’ombre d’un cocotier, face à la mer.
Traditionnellement, le Matoutou se cuisine avec crabes de terre chassés durant la saison qui commence dès la mi-mars. Oui mais voilà, j’ai une préférence pour les crabes de Madagascar, du moins pour la Pentecôte.
Que les puristes me jettent la première noix de coco, il faut bien le dire : il a l’avantage d’offrir une chair bien plus généreuse que son cousin martiniquais et puis surtout il est bien moins cher. En plus il est déjà nettoyé et est disponible toute l’année (surgelé). Ce dernier point n’est pas négligeable, chers lecteurs d’outre-atlantique, car vous aussi vous pourrez faire zouker vos papilles, même à 8000 km d'ici.
Je vous livre ma recette très adaptée du Matoutou originel. Le crabe de Madagascar n’étant pas vendu avec sa graisse -ce qui donne le goût très particulier à la préparation traditionnelle- j’use de quelques artifices pour lui donner un peu plus de saveur.
Autre liberté, le Matoutou désigne la préparation lorsque le riz est cuit avec le crabe, à la manière d’un risotto en quelquee sorte. Personnellement, je préfère les cuire séparément.
Pour réaliser cette recette, je vous recommande la sélection d'épices de mon partenaire
MONDE DES EPICES
Matoutou
Préparation : 15 minutes
2 heures de repos
Cuisson : 30 minutes
LES INGREDIENTS Pour 6 personnes
1 kg de crabes de Madagascar (ou crabes de terre)
2 cuillères à soupe de poudre à colombo
1 cuillère à soupe de concentré de tomates
1 poivron rouge
1/2 courgette
1 petit navet
1 citron vert
2 oignons
1 piment
1 bouquet garni
6 clous de girofle
3 gousses d’ail
2 feuilles de bois d’inde ou laurier
Huile
Sel et poivre
LA RECETTE
2 heures auparavant, rincez à l’eau froide les crabes préalablement décongelés. Pour les crabes de terres, nettoyez-les. Coupez les griffes (extrémités pointues des pattes) et cassez le bout des pinces afin que l’assaisonnement pénètre. Préparez une marinade. Laissez-y macérer les crabes.
Faire revenir dans 4 CS d’huile l’oignon haché finement, le persil et l’oignon pays (ou cive) ciselés, l’ail écrasé et le thym. Au bout d’une minute, ajoutez le poivron coupé en petits dés, la courgette pelée et coupée en petits dés, le navet râpé et les clous de girofle.
Ajoutez la poudre de colombo. Laissez revenir 2 minutes puis arrosez de 10 cl d’eau. Laissez réduire jusqu’à obtenir une pâte de légumes, fondante et parfumée. Ajoutez le crabe. Mélangez bien. Faites revenir sans cesser de remuer pendant environ 2 minutes. Rajoutez 1/2 litre d’eau pour la sauce.
Ajoutez le piment entier et laissez mijoter environ 20 minutes. Salez et poivrez. Servez le crabe accompagné de riz à la créole comme le veut la tradition.
Mon accord met:vin : Blanc sec et fruité - Chardonnet du Nouveau Monde, Côte de Provence, Le Tariquet (Ugni blanc, colombard) est une révélation avec ce plat
Dégustez en buvant un ti-punch et laissez vous porter par la douceur de vivre antillaise.